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Critique de la technoscience : les bases

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Version 6.1 (20180919 14h49)

Quelques bases raisonnables et simples qui devraient aider à la critique de la technoscience, ou comment ne pas être un techno-crétin.

Mes définitions pour commencer...

La science, c'est l'acquisition de savoirs (selon une méthode stricte).

La technique (ou technologie) correspond à la mise en oeuvre de ce savoir afin de modifier la réalité, pour des objectifs définis par ceux qui l'utilisent.

Ces deux éléments sont intimement liés, la technique étant conséquence de la science mais sont aussi différents, en particulier dans leurs conséquences pratiques. Si vous vous trompez au niveau scientifique, il suffit de corriger votre théorie, qui n'est qu'une construction mentale abstraite censée décrire/expliquer une partie de la réalité. Par contre, l'erreur lors de l'application d'un savoir partiel, la technique, a des conséquences absolument pratiques sur la réalité. Fondamentalement :

* La science ne modifie pas la réalité.

* La technique modifie la réalité.

Les éléments de la critique...

1/ Extraire de la réalité systémique des objets d'études signifie la suppression de relations (inconnues - cf 2/) mais nécessairement existantes dans les systèmes concernés) (réductionnisme)
>>  Étudier "la grenouille" en la disséquant au labo ne vous donne qu'un savoir ultra-spécifique et ultra-restreint de ce qu'est "la grenouille", qui ne se limite pas à son organisme biologique, à son cadavre.

2/ Approcher de manière pré-formatée la réalité par la spécialisation, qui conditionne/simplifie à l'excès la manière d'approcher la réalité systémique.
>> Un généticien approchera les problèmes uniquement à partir de la génétique. Un neurologue à partir du cerveau... mais un organisme est un système qui inclut ces deux sous-systèmes, en interactions entre eux et avec l'extérieur.

(Remarquons que le biais de spécialisation peut renforcer celui du réductionnisme : le spécialiste va extraire de la réalité ce qu'il peut traiter/comprendre. Les relations "discrètes" que sa spécialité ignore seront... ignorées dès le départ du processus d'étude.)

3/ Pratique de la science dans une réalité systémique où d'autres sous-systèmes (économie, politique) influencent le choix des approches (des spécialités) et la manière de les utiliser.
>> Le génome (rentable rapidement) plutôt que l'écologie (sans rendement financier suffisant et rapide)
>> L'"intelligence" artificielle pour contrôler les populations (dictature) plutôt que pour les "libérer" du travail.

4/ La technique, c'est à dire la mise en oeuvre d'un savoir restreint et limité (cf points précédents) sur la réalité systémique induit des effets "secondaires" proportionnels et souvent décalés sur ces systèmes (L'accident de Paul Virilio)
>> la fumée n'est rien. Elle n'est qu'un effet secondaire de la combustion, vite dissipée dans le vent. Additionnée et accumulée sur des millénaires, elle modifie le climat.
>> Les CFC, progrès de la science au niveau du sol... et catastrophe pour la biosphère.

5/ La science accumule les micro-savoirs, mais il n'y a pas de "cohérence" au moment de les mettre en oeuvre par la technique. La seule cohérence est celle qui correspond à la mise en marché du produit: Si ça vend, parce que ça "couvre un besoin" (?) ou une envie (fortement manipulée), alors c'est bon. Le niveau zéro de l'intelligence.
>> Utiliser les pesticides contre organiser une agriculture de manière plus systémique et donc plus résiliente.
>> Utiliser des antibiotiques plutôt que tenter d'avoir des organismes forts (via la nourriture et de bonnes conditions de vie, plus capables d'aider à résister aux agressions)

6/ "La science" est une grande Idée, mais "les scientifiques" sont des humains comme les autres, avec leurs forces et leurs faiblesses, qui les conduisent parfois à exploiter l'image positive de la techno-science pour "faire passer" leurs productions, pas nécessairement aussi positives.

7/ Notre société valorise énormément "le progrès", dont la représentation principale est le "progrès technique et scientifique". Cette tentation produit souvent un certain aveuglement psycho-social qui fait que l'on minimise les inconvénients pour ne considérer que les améliorations aussi rapides, simples et "visibles" (commercialisable) que possible. On rêve à la pilule miracle. On voudrait la machine parfaite. En ce sens, les techno-scientifiques sont à l'unisson du reste de la population.

8/ La combinaison "réductionnisme scientifique" + "court-terme économique" donne une puissance indéniable au système, puissance qui doit être maîtrisée.

 

icilleurs_critique-de-la-technoscience-les-bases-6076274.jpgScience sans conscience de ses limites (internes et externes) contribuera sans aucun doute à la ruine de l'humanité.

On peut toujours essayer de fuir, mais les biais résumés ici nous suivront.

Il n'y a pas de "malédiction" (?!) mais juste de l'ignorance savante.

La solution passe peut-être par la modestie des scientifiques (via leur conscience des systèmes - pas seulement scientifiques - dans lesquels ils se trouvent) et par une approche des problèmes aussi transdisciplinaire que possible, tout particulièrement à l'étape technique.

Notons que l'évaluation par des pairs telle que pratiquée dans les publications scientifiques ne règle pas les problèmes, puisque les pairs d'une même spécialité ont tous le même biais d'approche (cf 2/).

Il n'y a pas d'alternative à la transdisciplinarité, me semble-t-il... mais les sous-systèmes politique et économique ne vont pas aimer ça. C'est plus cher à la pratique et très probablement moins rentable.

Toutes les choses ne sont pas "égales par ailleurs".

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