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Emergences

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( Version 28.2.2016 - Mises à jour fréquentes )

Dans ce message, quelques idées qui ont émergé dans ma petite cervelle à propos de ce qu'on appelle "émergence" et "conscience"...

Cette idée de "propriété émergente" (voir plus bas une définition pratique) peut permettre de changer notre approche sur de nombreuses questions, ainsi par exemple de "l'esprit" ou de l' "âme". Ce changement de perspective conduit me semble-t-il à un peu plus de Raison dans des domaines où elle fait souvent défaut.

Prenons l'exemple simple de la voiture pour notre définition de cette "émergence" : Vous pouvez placer côte à côte toutes les pièces détachées, quelques bidons d'essence, quelqu'un pour conduire et une belle carte voire un GPS tout neuf, cela ne vous donnera pas une "voiture" c'est à dire un objet capable de vous conduire d'un point à un autre, et qui vous y emmène vraiment.

Cette capacité de vous transporter peut être pensée comme une propriété émergente de l'objet-voiture-dans-son-contexte, convenablement prévu pour atteindre cet objectif, organisé dans chacune de ses composantes, pourvu d'une source d'énergie adaptée et éventuellement d'une "intelligence" pour le diriger. Le déplacement du point A vers le point B émerge de ces éléments combinés, de ce système mis en oeuvre pour y parvenir. Le résultat final n'est pas simplement la somme des parties mais autre chose, une propriété nouvelle par rapport aux propriété des parties en jeu. La roue toute seule peut tourner, mais pas longtemps...

Hypothésons que "la pensée" est au système nerveux ce que la capacité/action de déplacement est à la voiture. Chaque élément fait ce qu'il a à faire, en relation étroite avec les autres et avec les conditions environnementales (i.e. les effets des systèmes des niveaux d'organisation différents et parallèles), produisant ce résultat, qui n'a besoin d'aucune base physique spécifique pour... "advenir". Ce n'est pas parce qu'il y a un mot qu'il y a nécessairement un chose, physique, précise, que l'on peut découper en tranche toujours plus fine pour lui faire rendre gorge.

"Consciences"

Il faut tout de même "éclaircir" ce terme de "conscience". Les expressions classiques "conscience de soi" et "science sans conscience..." pointent des processus différents, ou plus exactement une focalisation sur des "zones/fonctions" différentes du système nerveux. La "conscience de soi" relève d'une perception de soi pratique, quasiment électro-physico-chimique. Dans "science sans conscience" par contre, il s'agit d'une conscience-processus de pensée, de mise en relation, de jugements abstraits.

Posons nos nouvelles étiquettes !

On va parler de conscience perceptive lorsque cette pensée/émergence est "pointée" sur les perceptions: J'ai conscience (d'exister) parce que je suis focalisé sur les zones de perception de mon système vivant: je sens, je voie, je ressens, etc. Selon cette définition, tout organisme qui dispose de systèmes perceptifs corrélés par un système "nerveux" est doté de conscience perceptive.

On va parler de conscience intégrative (pourquoi pas?) lorsque cette émergence est "pointée" sur les zones de mémoire, de traitements logiques (associations, inductions, déductions...) et d'imaginaire, c'est à dire de création de nouvelles idées (consécutives des traitements, i.e. émergent de la mise en relation d'autres idées...). Cette intégration est relative aux capacités du système nerveux: chez les animaux, cette intégration s'arrête plus tôt que chez les humains.

Deux chats habitent au même endroit que moi, et je peux vous assurer que chacune a sa conscience, chacune manifestement différente de l'autre, même si elles ne s'expriment pas en langage humain. L'imaginaire est limité, mais il est suffisant pour que la bête se poste en bordure de jardin, attendant la sortie de la souris. Pour cela, il faut un système déjà complexe de conscience perceptive (j'ai faim!) et de conscience intégrative (J'ai déjà attrapé des souris ici, si j'essaye encore, je vais probablement en attraper à nouveau).

Mais le chat ne dispose pas du système de langage plus complexe dont dispose l'être humain. Le chat ne peut écrire un Traité sur la meilleure manière d'attraper les souris. Il a une mémoire, et peut aussi profiter de l'observation des autres chats et des autres êtres vivants pour intégrer des compétences abstraites.

L'être humain, grâce à son langage plus complexe, peut indexer beaucoup plus d'informations, les transcrire à l'usage des autres humains, et les mettre en relation lorsqu'il lui prend la fantaisie de se mettre à "réfléchir"...

On remarque en passant qu'il est difficile de "faire" les deux en même temps, à savoir avoir "conscience" de soi et du monde ET en même temps exercer son "intelligence". Le focus est apparemment... ce qu'il est: quand vous êtes concentré sur une chose, vous ne "faites" pas l'autre... et je ne crois absolument pas qu'il y ait le moindre aspect de compétition (cf Daniel Dennett) entre les zones du cerveau. Il me semble que là comme ailleurs, la nécessité fait loi: S'il faut fuir devant le tigre, c'est la conscience perceptive qui prend le premier plan. Le soir au coin du feu, la conscience intégrative vous fait imaginer les plus beaux poèmes, voire les théories les plus fumeuses !...

Autres états de "conscience"

Pendant le sommeil, en état d'hypnose, de catalepsie, devant la télévision et autres (voire ne penser à rien!), la focalisation se fait sur des zones différentes. Le modèle me semble tenir. Il faut dire qu'il est assez souple! On va creuser la question... ;)

Conclusivement - et pour l'instant, on peut supposer que les sciences du neurone vont finir pas rencontrer le même problème que celles du génôme: le réductionnisme. Il y a quelques dizaines d'années, on ne jurait que par les gènes, alpha et oméga de la biologie. On en revient, avec la "découverte" des aspects plus systémiques (épigénétique, etc). Le spécialiste des neurones a par définition besoin de neurones pour expliquer toute "fonction" de son objet d'étude. J'exagère quelque peu, mais va-t-on "découvrir" qu'un cerveau n'est rien sans un organisme pour le soutenir, des détecteurs pour lui fournir des informations, un milieu de vie qui fournit des motivations, des relations internes/externes qui FONT les consciences, la pensée, l'imaginaire... l'émergence. Les "fonctions" des "zones corticales" pourraient par exemple très bien être effectuées par d'autres "zones"... Le vivant se caractérise surtout par son énorme souplesse, qui a une grosse tendance à déborder l'obsession humaine du "bien découpé et bien rangé"...

Etc.

A suivre ?...

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