Cela commence lorsqu'un système nerveux humain se met à comparer ce qui existe, et ce qu'il voudrait voir exister à la place.
Et cela se fait grace à cette caractéristique "émergeante" de la complexité neuronale qu'on appelle l'imagination, la créativité, l'intelligence... l'insatisfaction...
Parce qu'il y a dans chaque cerveau la capacité à "se prévoir sans vie" comme disait Vian, mais aussi à imaginer une situation meilleure que ce qu'elle "est".
L'Humanité peut s'imaginer meilleure qu'elle n'est... et elle a souvent les moyens d'y parvenir, encore une fois grace à des systèmes nerveux capables, non seulement d'imaginer dans l'abstrait, mais en plus de mettre en place en pratique les moyens pour arriver à ce mieux.
Quelques difficultés sur ce beau chemin, toutefois...
Nous sommes nombreux et des tendances contradictoires existent, mais l'un dans l'autre et petit à petit (sic) l'Humanité "avance."
Imaginer une situation est une chose, mais la capacité pratique à l'atteindre en est une autre. Cela nécessite souvent la mise en oeuvre de beaucoup plus de paramètres qu'on ne peut en maîtriser. Ce n'est pas parce que je veux, demain matin, aller faire une balade à pied sur le Soleil que ce sera possible. Je le veux, mais cela ne se peut, parfois.
Et l'insatisfaction peut devenir un problème chronique. On peut n'être jamais satisfait de rien, ne tolérer rien de ce qui existe parce que l'on vit plutôt dans son imagination que dans l'"ici et maintenant".
Cette imagination est un instrument fort délicat, et ce d'autant plus que nous n'apprenons pas vraiment à la manier, entre le nihilisme des approches de type Zen et l'hystérie du "toujours plus" capitaliste...
La "pulsion" est toujours là. Parfois complètement folle et hors sol, l'imagination nous porte. Sachons reconnaître ses limites et parfois ses dangers, mais sachons aussi que c'est peut-être là notre plus grande force... Juste une propriété "émergeante" de la complexité de notre cerveau.
Même le Marché, avec sa profusion de bidules qui semble vouloir nous saturer par excès de solutions à nos problèmes, montre ses limites. On se rend compte que tous les problèmes ne peuvent pas être résolus ainsi, qu'un coucher de soleil ou le gazouilli d'un piaf n'ont pas de prix, et n'en auront JAMAIS, n'en déplaise aux boutiquiers qui aujourd'hui tentent de contrôler nos pensées. Nous imaginons/savons que le monde n'est pas un supermarché, et que s'il le devient, cela ne nous rendra pas plus heureux.
Nous pouvons imaginer un monde où l'on travaille moins pour mieux profiter de la Vie, si courte.
Et nous avons les moyens de le faire. Nous avons les machines pour travailler à notre place... et nous savons aussi qu'il existe bien des domaines de la Vie où les machines sont inutiles, voire dangereuses, et que l'Humain peut très bien s'en passer...