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"Eradiquer Alzheimer" ou la médecine des conséquences.

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Une campagne de publicité pour l'Institut du Cerveau et de la moelle épinière ( http://icm-institute.org/ ) suggère que grace à son action, on parviendra à éradiquer Alzheimer et les maladies neuro-dégénératives.

Il n'est pas rare d'entendre le même genre de campagne à propos du cancer.

Sauf que... Cette prétention suppose que le problème à régler relève exclusivement de causes liées à l'organisme du seul malade, tremblant de trouille devant les blouses blanches. Malheureusement, lorsque vous en êtes à "traiter les maladies", vous arrivez à la fin de la chaine des causes et des effets - au "système" - qui y conduit.

Et si vous arrivez toujours à la fin du processus, vous tentez de régler le problème de votre barque percée avec une petite cuillère. Si vous ne bouchez pas le trou...

Sauf que, pour filer l'analogie, le spécialiste de la petite cuillère a un double problème. D'une part il n'est pas compétent pour boucher les trous - chacun sa spécialité - et d'autre part il perdrait son utilité si une telle chose advenait...

Ajoutons qu'autour de la petite cuillère s'est organisée une immense structure socio-économique qui vit de son usage. Boucher les trous remettrait en question la survie de structures considérables... (Cf Laborit: Le premier objectif d'une structure est d'assurer sa propre survie, que cela concerne un individu ou une organisation humaine, que celle-ci soit "publique" ou "privée").

Pour revenir à notre sujet, on pourrait supposer que pour éradiquer la maladie d'Alzheimer, il faudrait "simplement" remonter au génome de l'individu. C'est une tentation classique de la médecine occidentale de tout "refiler" au génome, pour lequel on semble attribuer une sorte d'immuabilité, d'absolu indépassable: Ah: c'est génétique!.
Or la science, cette belle Oeuvre Humaine, nous montre que le génome lui-même est influencé par le milieu(*1). Des modifications peuvent advenir pendant la vie de la personne, qui se transmettent aux générations suivantes (encore heureux que cette fonction du génome marche encore!)

Quelle issue, alors ?

Il y a d'abord la transdisciplinarité. La "santé" n'est pas un problème de maladie. Elle est un état général qui inclut la société entière, les relations entre personnes et avec leur milieu de vie. Si vous habituez l'organisme de l'enfant, dans ses premières années, à "croiser" bactéries et virus (avec précautions bien sûr) il sera capable de créer lui-même des processus de résistance naturelle, et donc... gratuits. Bizarrement (!) notre société n'apprécie pas le "gratuit naturel"... Il faut dire que beaucoup ont à y perdre...

On comprend que dans ce monde de compétition délirante chacun veuille garder pour soi son créneau porteur et rentable, puisqu'"il n'y a pas d'alternative au Divin Marché" sauf que l'intérêt de la société "en général" et des individus en particulier n'est absolument pas assuré.

Quel intérêt d'avoir une médecine hyper pointue si on laisse "le reste" se dégrader ? Il vaut évidemment mieux éviter la maladie que de devoir se soigner, mais ce n'est pas rentable !... d'où l'absence de recherches sérieuses... puisque la recherche est presqu'entièrement pilotée par ces mêmes structures qui ont un intérêt commercial à ne pas sortir de leur spécialité, voire à en créer de nouvelles toujours plus "pointues" - genre biologie de synthèse - et toujours plus "à côté de la plaque"...

En complément de ce billet, je fais la fête à la science...


(1*) On préfèrera le terme "milieu" à celui d'"environnement".

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