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"c'est bon comme du maïs" (article du Canard Enchaîné)

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Conflit de Canard - Le Canard Enchaîné du 16.9.2015

C'est bon comme du maïs

Six mille millions de litres [de lait] en trop en Europe. Pour aider les éleveurs à les éponger, les ministres de l'Agriculture de l'Union viennent de mettre 500 millions d'Euros sur la table. L'affaire est entendue : si l'or blanc ne nourrit plus son homme, c'est la faute à la fin des quotas laitiers, à l'embargo Russe et aux Chinois, qui mangent moins de yahourts. C'est oublier le maïs.

Si l'Europe produit trop de lait, et de plus en plus, c'est pour beaucoup parce qu'on gave les vaches avec cette céréale ultraprotéinée au lieu de les laisser brouter tranquillement de l'herbe. Nos 3,7 millions de laitières ont droit à un menu composé en moyenne de 25% de maïs voire de 60% pour les usines sur pattes du Grand Ouest. D'après les experts, ce supercarburant permettrait de presque doubler la production de lait. Et d'atteindre les 8 000 litres par an ! Une vraie potion magique. Sauf que...

D'abord, le « lait maïs » aggrave le réchauffement climatique : les vaches qui broutent de l'herbe relarguent un tiers de moins de nméthane, un gaz à effet de serre.
Et aussi: des vaches qui se nourrissent de maïs, ça donne du lait pas terrible pour la santé. Si le lait d'une vache à l'herbe est bourré d'omégas 3, aux vertus protectrices, celui d'une congénère élevée au maïs est trop riche en omégas 6, dont l'excès entraîne des réactions inflammatoires qui favorisent, entre autres joyeusetés, les cancers et les maladies cardio-vasculaires. Avec une ration de 25% de maïs, on franchit déjà la ligne rouge qui est de quatre fois plus d'omégas 6 que d'omégas 3. Le plus vache, dans tout ça, c'est que le coût moyen de production du lait décroît au fur et à mesure que la proportion d'herbe pâturée augmente. En clair, un éleveur dégage plus de marge brute avec deux vaches à l'herbe qui font leur 4 000 litres de lait chacune qu'avec une formule 1 à 8 000 litres qui roule au maïs. Mais le lobby céréalier étant passé par là, les aides publiques plafonnent à 130 euros l'hectare d'herbe, contre 230 euros l'hectare de maïs

Résumons : pour se garantir un approvisionnement en lait constant et à bas coût, les industriels du fromage et des yahourts, alliés aux grands groupes céréaliers, ont poussé les éleveurs à produire toujours plus. Et la vache à lait, c'est le consommateur, qui paie trois fois, sur sa santé, à la caisse et avec ses impôts, pour subventionner l'élevage intensif. Le monde est vraiment lait...    (Pas de signature)

[ Lire aussi: Transgénique: nouvelles techniques, mêmes problèmes (article perso) ]

 

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