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  • Pour une évaluation critique et raisonnable de la technoscience.

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    Version 1: 6.10.2018

    Màj: 28.11.2018

    Cet article, en modification (amélioration?) continuelle, se propose d'évaluer la technoscience et ses innovations de manière critique et raisonnée, et suggère quelques moyens pratiques de mieux maîtriser sa puissance. Rien que ça !...


    tsrs.jpgIl est assez facile de combattre les ennemis de la science que sont les religions et autres idéologies totalitaires avec leurs cadres de pensée simplistes et leurs Vérités absolues, définitives, indiscutables et invérifiables.

    Comme si le fait d'avoir des ennemis puissants exonérait de se poser des questions sur elle.

    C'est ce genre d'approche qui permet aux pires idéologies de perdurer. Le combat contre l'Ennemi extérieur (si possible héréditaire) évite d'avoir à se poser des questions sur les problèmes internes, dont les questions de pouvoirs et de limites de l'idéologie ou en l'espèce de la méthode.

    Il est me semble-t-il assez mal vu - voire même totalement ignoré - d'approcher la technoscience de manière rationnellement critique, du moins hors des cercles spécialisés. Il suffit d'observer la manière particulièrement déférente avec laquelle les médias traitent toute nouvelle info techno-scientifique : c'est systématiquement le paradis à venir et il n'est question que des aspects positifs (et généralement potentiels, si tout va bien...) de la chose, ce qui ressemble diantrement à de la propagande, incompatible avec tout esprit critique... scientifique, justement. Le troupeau, présumé inculte est prié de dire merci aux Puits de savoir, et ça ira.

    Lorsqu'il s'agit d'évoquer la responsabilité de la technoscience dans les problèmes que nous rencontrons comme les pollutions, le changement climatique et autres accidents divers, il n'y a plus grand monde. On croirait les polluants venir de nulle part. Pire encore, on trouve le moyen de rendre les victimes responsables de leur sort: c'est leur génétique qui ne convient pas, par exemple...

    La technoscience n'est pas parfaite, autant au niveau de la méthode que de la mise en oeuvre technique et toute la propagande du monde n'y fera rien.

    • Définissons d'abord nos termes

    "Réalité": ensemble d'éléments organisés à plusieurs niveaux, relations à l'intérieur des éléments, entre ces éléments et entre les niveaux, conditionnés par divers paramètres évoluant en fonction du Temps. La réalité est à la fois systèmes et changements.

    "Milieu": partie de la réalité indispensable à la survie biologique des espèces. On préfèrera ce terme à celui de "environnement" (nous mangeons, buvons, respirons cet "environnement").

    "Science": méthode d'acquisition de connaissances. Elle est à priori peu invasive, même s'il arrive parfois que la recherche de savoir ne soit pas du tout neutre pour l'entité étudiée.

    "Technique": mise en oeuvre de ces connaissance pour influer sur la réalité. Elle est très invasive par définition, et structurellement liée à la science.

    "Technoscience": système de relations étroites entre science et technique. Par exemple, on peut augmenter le savoir grace à l'utilisation de techniques elles mêmes conséquences d'un savoir antérieur.
    On remarquera que l'organisation même de la recherche imbrique science et techniques. On utilise la science afin de "résoudre un problème", et donc de trouver une technique.

    On va aborder maintenant les points principaux qui vont structurer l'approche critique.

    • Réductionnisme

    La méthode scientifique est réductionniste. Pour "simplifier" la recherche, on extrait l'objet d'étude de son Milieu. Ce faisant, on supprime des relations possiblement très importantes. Le "toutes choses égales par ailleurs" du laboratoire est très discutable dans un monde structurellement systémique (cf définition de "réalité"). Cette approche est liée aux limites de l'intelligence humaine qui ne sait pas traiter un trop grand nombre de paramètres.

    L'étude en laboratoire déconnecte l'objet analysé de son contexte, d'autant que les relations systémiques sont souvent invisibles.

    Le savoir acquis est donc partiel, et la technique qui découle de ce savoir ne peut qu'ignorer elle aussi ces relations omises dès le départ, augmentant les risques d'effets "secondaires" "imprévus"...

    • Spécialisation

    La techno-science est organisée par spécialisation, enfermant le Savoir dans des quasi-chapelles. Cette structure empêche de véritablement évaluer les effets d'un objet technique sur notre Milieu (qui n'est pas spécialisé), sauf à effectuer des évaluations transdisciplinaires poussées, et donc chères...

    La plus grande force du spécialiste: il connaît sa spécialité (du moins on l'espère).

    La plus grande faiblesse du spécialiste: il ne connaît QUE sa spécialité.

    • Contexte

    La technoscience ne peut échapper à sa propre "pente". L'exemple type est, en agriculture, le passage des produits chimiques aux modifications génétiques. Plutôt que d'envisager l'approche plus large de type écologique/systémique, on s'enfonce dans toujours plus de "réductionnisme moléculaire"...

    Elle ne peut non plus échapper à la société humaine, qui l'influence dans le choix des objets d'études et dans les applications. Il faut avoir, soit des débouchés rentables à court terme (les OGM par exemple, au service des bénéfices d'actionnaires, renforçant la pente naturelle réductionniste), soit des utilisations politiques précises (l'informatique, sous contrôle d'organisations publiques ou privées de plus en plus totalitaires). La technoscience ne peut pas être hors-sol, ne serait-ce que parce que 1- il faut des gens et de l'argent et 2- elle doit bien prendre en compte la réalité du monde à toutes les étapes.

    • Des humains, finalement

    Les scientifiques, techniciens et ingénieurs sont aussi des humains, avec les mêmes faiblesses et forces que tout le monde. Le fait toutefois de participer à une aventure rationnelle aussi puissante qu'est cette technoscience a parfois tendance à les rendre particulièrement arrogants.

    • Et donc...

    Il ne s'agit pas de dire que la technoscience, "c'est mal", bien entendu.
    Il s'agit d'avoir un cadre critique proportionné à la puissance de l'objet critiqué.

    Les CFC, molécules modestes et à usage très spécifique issues directement de cette Techno-Science Réductionniste Spécialisée (TSRS) ont failli détruire la couche d'ozone qui protège la vie sur cette planète. Par chance, d'autres scientifiques (non pas spécialistes de la réfrigération mais de la haute atmosphère) s'en sont rendu compte par hasard (Ils n'ont pas décidé de vérifier si la couche d'ozone était trouée. Ils l'ont simplement étudiée parce qu'ils avaient les outils techniques pour ça.)

    Parmi les milliers de molécules répandues aujourd'hui dans notre Milieu, il n'est pas douteux que certaines finiront par produire plus de dégâts que de bénéfices. On va observer particulièrement les neurotoxiques en agriculture, les nano-particules en vadrouille, les ADN bricolés, etc.

    La science est une belle chose, encore faut-il s'en servir (via la technique) à pas trop mauvais escient.
    A partir du moment où elle est mise en oeuvre pour modifier la réalité, cela nous concerne tou.te.s.
    Nous devenons les cobayes, mais des cobayes capables de réfléchir et de dire éventuellement NON... d'autant que c'est nous en tant que société qui finançons toute l'organisation, qu'elle soit Publique (par nos impôts) ou Privée (par nos achats).

    Ceci demande de l'éducation scientifique (connaître le plus grand nombre possible des micro-savoirs que la science spécialisée a accumulé sans cohérence particulière au long de l'histoire), de la conscience des limites de l'approche scientifique (réductionnisme/spécialisation/contexte) et des enjeux politiques/économiques (court terme) et écologiques (moyen/long terme).

    Les nécessités

    - Modestie des scientifiques (en particulier des mathématiciens et physiciens qui ont tendance à se croire les plus scientifiques de tous, alors que leur seul avantage est qu'ils travaillent me semble-t-il à des niveaux de complexités/interactions plus facilement formalisables que les autres) et des techniciens (en particulier des ingénieurs).

    - Transdisciplinarité des recherches.

    - Education ouverte et critique des populations aux évolutions (avancées et reculs) technoscientifiques, permettant une :

    - Evaluation / régulation des productions technoscientifiques (des "innovations") par des organismes Publics "transdisciplinaires citoyens" plutôt que dissémination irresponsable par le Marché (biais de rentabilité à court-terme)

    Vaste programme, d'autant qu'il se heurte à l'idéologie/méthode dite "capitaliste" qui pousse à un court-termisme rentable aussi puissant que corrupteur s'il n'est pas fortement régulé par des processus démocratiques.

     

    Lire aussi: Mollesse des sciences dures...

  • "Populisme" et logique binaire

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    Deux éléments qui font marcher le "populisme":
    1, il déculpabilise les individus. Ce qui arrive n'est pas de ma faute.
    2, il donne des "réponses" en fournissant des coupables simples et visibles.

    Face à des inquiétudes considérables et réelles, tant sur les conditions de vie ordinaires que l'avenir potentiellement très sombre de la société, ça rassure. En face, les scientifico-écolo-gauchistes font l'inverse : Tous coupables individuellement, de nos cancers du fumeur au réchauffement climatique.

    Pour désamorcer l'efficacité indéniable de la machine à rassurer, il faut faire ressortir les contradictions qu'il y a dans les prétendues réponses, MAIS éviter la culpabilisation.
    Culpabiliser les individus fournit du carburant. Personne n'aime se sentir coupable. C'est trop personnel.

    Il vaut mieux montrer les contradictions internes de leur modèle explicatif, aussi simplement que possible. Cela démonte la logique. On évite la responsabilité personnelle qui "pollue" la question Politique.

    Il me semble que nous sommes conditionnés par la logique binaire, et cela plus profondément et plus simplement que par les "affects". Si vous cherchez bien, le binaire est pratiquement partout dans tous les discours, mais largement dissimulé.

    La logique binaire conduit au pire.
    Si j'ai raison et que l'autre à tort, j'ai tous les droits sur lui.
    Ultimement, je peux lui écraser la gueule puisque j'ai Raison, et qu'en plus je ne suis pas Coupable (double logique binaire raison/tort et culpabilité/innocence)...

  • Les ravages de la logique binaire

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    Dans nos discussions ordinaires autant que les messages volontairement manipulatoires, la logique binaire est souvent dissimulée, et plus ou moins consciente. Elle n'en a pas moins des conséquences pratiques sur nos idées et nos actions.

    Là où l'on pourrait voir de l'idéologie, il n'y a souvent que des simplismes logiques imbriqués qui fabriquent notre pensée, nos Grands Principes, voire juste nos idées de tous les jours sur les gens et les choses.

    Il peut s'avérer très utile de tenter de découvrir ces simplismes binaires, de les démêler du fatras du discours.

    J'y reviendrai mais l'exercice de détection est très intéressant... mais pas forcément facile : ces simplismes sont imbriqués et leur binaire ne saute pas forcément aux yeux.

    A suivre...

  • "intelligence" artificielle

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    L'algorithme, c'est du savoir passé, utilisé pour traiter des données toujours nouvelles.

    Le fondement de la réalité, c'est le Changement.

    L'algorithme ne sait pas gérer la nouveauté.


    Reproduire un cerveau par ordinateur ? Quel cerveau ? Celui de Trump ?

    On confond à mon avis la base électro-biologique (le cerveau) et la propriété émergente (la pensée)...